Histoire Erotique

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Un instant volé

Suite de "Sous la tente". Quelques années se sont écoulées depuis cette nuit avec C., sous la tente au festival. Nous nous sommes à peine recroisés depuis. Ce soir, le groupe se retrouve le temps de quelques verres, et elle est présente...

Proposée le 29/03/2022 par Sunstone

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Thème: Couple, passion
Personnages: FH
Lieu: Toilettes
Type: Roman


Les années ont passé depuis notre dernier festival, et pourtant, avec ma fine équipe de festivaliers, on s’est retrouvés comme si c’était hier.
Nous nous revoyons pourtant très peu, habitant à une centaine de kilomètres les uns des autres, et ne sommes principalement connectés que sur les réseaux où l’on peut voir passer à l’occasion les nouvelles des uns et des autres, leurs posts les plus personnels ou les plus triviaux, se souhaiter un bon anniversaire une fois l’an parce que le site a le bon goût de connaître les dates pour nous.
A l’occasion d’un séjour d’un week-end chez des proches, c’est pour une fois moi qui ai pris l’initiative de rassembler mes amateurs et amatrices préférées de musiques extrêmes le temps de quelques verres dans un pub de leur ville. Bien sûr, les emplois du temps de chacun ne se correspondent pas toujours idéalement, mais une majorité de l’équipe a pu se libérer malgré tout.
Une majorité de l’équipe dont C. fait partie.

On pourrait parfaitement confondre cette nuit de notre dernier festival avec un rêve. Inattendue, éphémère, parfaite, absurde, et pourtant plus réelle que la réalité, elle a commencé à s’estomper quelques secondes après notre réveil, ne laissant qu’un sentiment puissant, persistant dans mon cœur et mon esprit pendant quelques jours fugace, avant de s’éteindre, jusqu’à ce que j’en vienne même à douter qu'elle eût existé.
Sentiment largement aidé par le fait que nous n’avons jamais mentionné cette nuit par la suite: nos relations ont continué exactement comme avant, exactement comme avec les autres: amicales, brèves et sporadiques, presque exclusivement à distance. Comme si rien ne s’était jamais passé. Comme si cette si belle passion n’avait existé que dans un de ces rêves dans lesquels elle s’invitait parfois.

Nos vies ont bougé depuis, bien sûr. Nos boulots ont changé. Elle a déménagé. Je me suis mis en couple. Elle aussi, je crois.

Nous nous retrouvons comme tous les autres, comme en festival: une pinte massive en main, nous rions, chantons des chansons débiles, parlons fort, de musique, des concerts vus récemment et de ceux à venir, de nos vies respectives. Les bières s’enchaînent, nous faisons tout naturellement honneur à la réputation des fans de musique metal que nous sommes.

De temps en temps, au hasard des conversations, nos regards se croisent un infime instant. Un bref échange de regards, tout à fait innocent aux yeux de n'importe qui, mais qui me fait l'effet d'un contact direct. Durant ces tout petits moments, je crois déceler dans ses yeux ce que j'y trouvais alors, dans ce rêve qui n'en était pas un. Puis son regard se détourne, et je me convaincs que je n'y voyais ce que je voulais que parce que je le cherchais.

Elle se lève et s’éloigne en direction des toilettes. A nouveau, subrepticement, ses yeux se posent un instant dans les miens, à nouveau les souvenirs éthérés, les sentiments, le désir s’éveillent. Tandis qu’elle disparaît dans l’escalier menant aux sanitaires du sous-sol, l’alcool invoque en moi une témérité inhabituelle. Je me lève le plus naturellement possible, mentionnant le même motif à mes camarades, et m’engouffre à mon tour dans l’étroit escalier.

J’attends seul quelques instants, jusqu’à ce qu’une des portes s’ouvre sur son doux visage. Un sourire discret se dessine à la commissure de ses lèvres, elle m’observe, mais désormais je ne me hasarde plus à essayer d’interpréter ses réactions. Je m’approche d’elle, sans trop savoir dans quel but. Vais-je juste prendre sa place, vais-je m’arrêter tout près d’elle?
Ma main se pose d’instinct sur sa taille à mon passage. Elle tourne la tête vers moi, m’observe pendant une interminable seconde. Puis brusquement, nous nous précipitons l’un vers l’autre, nous étreignons avec force, nos lèvres se dévorant mutuellement, heureuses de se retrouver enfin. Je la serre contre moi comme si on voulait me l’enlever à nouveau, comme une bouée de sauvetage que je ne devrais surtout pas lâcher sous peine d’en mourir immédiatement, et je sens avec bonheur ses mains en faire de même dans mon dos.

Sans cesser un seul instant nos embrassades, nous nous précipitons dans la cabine la plus proche, que d’une main habile nous verrouillons dans un petit claquement caractéristique du loquet. Elle me plaque contre le mur, tient mon visage entre ses mains pour mieux plaquer fermement ma bouche contre la sienne. Nos langues se retrouvent enfin, sans l’hésitation de la première fois, mais comme des amantes de longue date qui auraient été trop longtemps privées l’une de l’autre. Je retrouve la douceur de sa peau sous mes doigts, sur la paume de mes mains qui se glissent sous son haut pour la caresser.

Elle s’écarte un instant pour m’ôter mon T-shirt, et j’en profite pour l’admirer. Elle doit forcément voir dans mon regard à quel point je la trouve magnifique en cet instant. Elle sourit, reprend notre étreinte. Ses baisers s’écartent progressivement de ma bouche, glissent vers ma nuque, elle mordille un instant mon oreille, descend embrasser mon cou, mon torse, mes tétons; je ferme les yeux, haletant.

Je sens sa main passer sur mon entrejambe, pressée, mais me souviens que nous n’avons pas beaucoup de temps avant qu’on s’interroge sur notre absence, et je veux garder l’initiative de ce moment. Des deux mains, je m’empare de ses fesses pour la soulever dans mes bras, la plaque à son tour contre le mur opposé tout en plongeant à nouveau ma langue dans sa bouche.

À mon tour de descendre le long de son corps! Je soulève son haut sans le lui enlever, il me laisse l’accès à son ventre en se posant sur le joli soutien-gorge dont elle est, cette fois, habillée. Sous mon menton, mes doigts déboutonnent frénétiquement l’ouverture de son pantalon, qui ne tarde pas à tomber sur ses chevilles. Mes lèvres autant que mes mains s’emparent rapidement des bords de sa culotte, et elle rejoint rapidement le vêtement au sol.

Je m’autorise un instant de contemplation de ce beau sexe que je n’ai pu que toucher sans voir lors de notre dernière nuit. La pilosité de son pubis, fournie mais soignée, douce sous mes doigts, surplombe sa belle vulve ouverte comme une fleur juste éclose. Ses lèvres apparaissent déjà luisantes d’une mouille dont je peux désormais humer l’odeur.

Elle tient ma tête entre ses mains, tente de m’inciter à passer à l’acte, et à mon grand regret je sais que je n’ai pas le temps de la faire languir. Je me mets alors immédiatement à l’ouvrage, mes lèvres s’emparent des siennes, les embrassent avec la même douceur et la même passion que je mets dans nos baisers. J’esquive d’abord son clitoris, ne laissant aucune autre parcelle de son sexe en reste, chacune a droit à un baiser ou à une caresse de ma langue. Quand elle commence à son tour à haleter de façon sonore, je m’autorise à épouser son clitoris de mes lèvres, un attouchement accueilli d’un gémissement qu’elle étouffe partiellement dans la paume de sa main. Son autre main appuie sur ma tête, m’encourageant à poursuivre mon œuvre, ce que je m’applique à faire avec assiduité.

Le temps nous étant compté, je travaille à la faire jouir rapidement, prodiguant à son clitoris, à ses lèvres, et jusqu’à son vestibule, toutes les caresses possibles, de la bouche, de la langue ou des doigts. Après plusieurs minutes de ce traitement, ses jambes se font tremblantes à mes côtés, elle s’affaisse doucement contre le mur, je dépose alors mes mains sur son fessier pour l’aider à tenir debout.

La position est inconfortable, mais je tords tout de même ma tête dans une position improbable pour pouvoir l’admirer dans ces derniers instants avant l’orgasme. Nue des pieds à la poitrine, qu’elle a libérée de ses entraves pour mieux se caresser les seins d’une main, son visage toujours orné d’une élégante paire de lunettes transpire d’un plaisir de plus en plus intense, dont son autre main tente toujours de limiter les manifestations sonores. Je grave dans mon esprit cette image, cet instant, puissamment érotique, d’une inégalable beauté, et me jure que quoi qu’il arrive, je n’oublierai pas l’avoir admiré.

Sa respiration se fait de plus en plus forte et saccadée, jusqu’à finalement se bloquer un instant quand l’orgasme l’envahit. Ses jambes se dérobent sous elle et je profite de rester encore un instant entre ses cuisses, mes deux bras l’enserrant pour la maintenir debout, serrée contre moi. Quand elle reprend ses esprits, je l’aide à se rhabiller sommairement tout en remontant vers elle pour l’étreindre une dernière fois, l’embrasser encore, tant que je le peux. Nos baisers sont doux, tendres, amoureux, mais empreints d’une douleur sourde, conscients que nous sommes qu’ils devront bientôt s’interrompre.

Après plusieurs tentatives de se séparer, où nos lèvres se sont irrémédiablement attirées à nouveau comme pour refuser cette sentence, je réussis enfin à m’écarter d’elle, les larmes aux yeux. Elle est visiblement aussi bouleversée que moi, mais nous savons tous deux que ce moment n’était qu’un beau rêve de plus, un instant volé au paradis qui ne pouvait qu’être éphémère dans notre monde bien réel.
Après un dernier regard dans sa direction, j’ouvre prudemment la porte, m’extrais de la cabine en constatant que personne n’attend derrière. Je m’appuie sur le grand lavabo, m’observe un instant dans le miroir, remets un peu d’ordre dans ma tenue, ma coiffure, m’efforce de reprendre une contenance.
Elle se saisit furtivement de ma main en passant derrière moi, nos doigts se caressent une seconde avant de se séparer, avant qu’elle ne disparaisse à nouveau dans les escaliers.

Je regarde l’heure. Notre escapade devrait être passée inaperçue. La soirée est bien avancée, et je vais maintenant devoir m’éclipser pour rejoindre mes amis, si je ne veux pas arriver trop tard et les déranger.
C. a repris son comportement naturel quand je la retrouve avec les autres en remontant. Seul un échange de regard lourd de sens témoigne de ce que nous venons de faire.
Je vide d’un trait ce qui restait de mon verre et prends congé auprès du groupe, sous les protestations amusées et les moqueries sans méchanceté sur ma tolérance à l’alcool et à la fatigue. Nous nous faisons l’habituelle promesse jamais tenue de nous revoir dans mon longtemps la prochaine fois.

La fraîcheur de cette fin d’hiver me réveille quand je franchis l’entrée du pub. Je sors à nouveau du rêve, retrouve la réalité, et son lot de désagréments. Mélancolie, déception, frustration, culpabilité se mêlent, m’arrachent quelques larmes éparses. Je les balaie d’une grande inspiration, remise ce nouveau songe auprès du précédent, avec tous mes rêves trop beaux pour être vrais, et reprends ma route.


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