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Amour en musique 1

Benoît, 30 ans, est guide touristique...et membre d'un groupe de rock. Benoît n'a jamais vécu de relation amoureuse. Il. n'a... jamais fait l'amour. Un soir, après un concert de son groupe de rock, Benoît va faire une rencontre qui va changer sa vie...

Proposée le 8/07/2024 par Mysteriotic

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Thème: Première fois
Personnages: FH
Lieu: Autres lieux publics
Type: Fantasme


Nous reprenons lentement notre souffle. Pour ma part, je suis dans une sorte d’état second. Comateux. Ma partenaire a posé sa tête sur ma poitrine, et laisse glisser ses doigts distraitement sur mes mamelons, puis sur la ligne de poils qui part de la vallée de mes mamelons jusqu’à mon pubis. Elle se remet à peine de son tout dernier orgasme. Nous venons de faire l’amour, et c’était beau.



Si l’on m’avait dit que ma banale existence prendrait une telle tournure… Je n’aurais pas misé un seul kopeck sur une aventure, surtout avec une fan du groupe dans lequel je joue. J’avais toujours fait preuve de malchance et de maladresse avec la gente féminine, et ce, depuis l’adolescence et cette fameuse période où les hormones sexuelles mâles font parler d’elles. J’avais enchaîné les râteaux les uns après les autres...parce que je ne savais tout simplement pas m’y prendre correctement. Cependant, les filles du collège et du lycée jugeaient l’emballage du produit sans chercher à en goûter le moindre petit morceau. Avec le temps, j’ai appris à faire avec. Je me suis construit un blindage de plus en plus épais sans toutefois ne pas fermer la porte de mon cœur. Dès qu’une fille me plaisait, je me jetais à l’eau. Mon estime de moi en prenait un coup dès que la fille répondait à mes mots doux par la négative. C’est ainsi que j’ai petit à petit fermé ma porte aux femmes, même à celles qui auraient très bien pu avoir un faible pour moi. À vingt-quatre, vingt-cinq ans, j’avais été amoureux d’une femme pour la première fois. J’étais persuadé que nous étions faits l’un pour l’autre et que nous pouvions nous apporter beaucoup, l’un à l’autre. Malheureusement, ce ne fut qu’une débâcle, une débâcle de plus à ajouter à mon compteur personnel. Cette femme s’était jouée de moi, et avait joué avec les sentiments et les attentions sincères que je lui portais. Ce chagrin d’amour a duré un temps, mais je suis passé depuis à autre chose. Le naturel revenant au galop, je me dis après tout que cette femme n’en valait pas la peine, et que d’autres femmes méritaient davantage d’attention et de considération. En d’autres termes, j’ai appris à me rouvrir pas à pas à elles.
J’écris depuis que j’ai quinze ans. À la base, il s’agissait purement et simplement d’une thérapie. A la longue, l’écriture est restée un besoin dans mon existence. Je m’en sers pour transformer quelque chose de négatif en positif. J’écrivais à la base des textes de chansons… bien que je ne sache jouer d’aucun instrument. J’écrivais aussi des poèmes. A l’âge de quinze ans, j’écoutais énormément de R&B, et je calquais en quelque sorte ce que faisait M.Pokora et bon nombre de ses confrères. J’aimais Mariah Carey, et je salivais devant la plastique des chanteuses R&B et pop du Nouveau Monde. Avec l’âge, mes influences ont changé. J’ai délaissé le R&B et les histoires où les chanteurs chantent leur amour pour une belle et où ils rêvent de s’unir à elle. Je me suis mis à écouter des groupes comme U2, Queen ou encore Depeche Mode, des artistes solo comme David Bowie, Bruce Springsteen. C’est en écoutant les paroles tourmentées ainsi que les mélodies électroniques de Depeche Mode que l’éclair m’est venu, si je puis dire. Martin Gore est un auteur-compositeur dont les mots et les airs me touchent au plus haut point. De plus, le personnage scénique qu’il incarne est quelque chose qui me parle. Discret sur le devant de la scène, mais qui n’en pense pas moins backstage.

C’est ainsi que je me suis acheté mon premier synthétiseur, un "Roland". J’ai collé des notes synthétiques à mes textes. Si Martin était mon nouveau gourou artistique, mes influences littéraires étaient et restent aujourd’hui encore variées: Pétrarque, Ronsard, Ovide, Verlaine ou encore Apollinaire. Je faisais mes gammes et mes classes petit à petit, lentement mais sûrement, dans mon coin. Je continuais aussi d’écrire. J’avais même commencé à publier mes textes sur un blog. C’est ainsi qu’un groupe de rock de la capitale avait pris contact avec moi. C’était un groupe qui chantait en anglais et qui ne jurait apparemment que par ces groupes anglo-saxons des années 1980: U2, The Cure, INXS ou encore… Depeche Mode. Côté mélodies, ils avaient de la matière et envisageaient d’incorporer un peu d’électronique à leur musique. Mais, ils disaient être confrontés au syndrome connu et universel de la page blanche. Nous avons fait connaissance via e-mail. Ils m’ont proposé de rejoindre leur formation. Ils m’ont chargé d’écrire les paroles de leurs futures chansons.
Thomas est le batteur du groupe. Anthony, le chanteur et guitariste (aussi le musicien aimé de ces filles), Alexandre (Alex pour les intimes), le bassiste. Moi, Benoit, je suis devenu le quatrième trublion de la formation, aux claviers et aux chœurs.


Presque caché derrière mon synthé "Moog", je jouais en tant que partie du groupe. Oh… il pouvait m'arriver d’exécuter un solo de temps en temps, en fonction de nos compos. Mais, je n'étais pas du genre à me mettre en avant. Je n'aimais pas ça. Les gars aimaient les sonorités vintage de mon "Moog". Elles leur rappelaient les bandes-originales de films genre 'Orange Mécanique', et autres chansons glam rock et rock progressif des années 1970. Ils étaient tombés dessus à l’occasion d’une répet’ chez moi, un jour. En fait, nous étions en plein dans l’écriture d’une chanson, et c’était la première fois que les gars venaient chez moi. Jusqu’alors, soit ça se fait dans notre local de répétition, ou bien soit chez l’un des trois autres. Jusqu’alors, je jouais avec un synthé "Casio". Au cours d’une pause, ils étaient donc tombés sur le "Moog", et limite, c’était le plus beau jour de leur vie. Comme s’ils venaient de gagner à l’Euro Millions! Ils n’en revenaient pas. Ils m’ont demandé de jouer un peu de notre compo en travaux sur ce synthé vintage analogique. Et là, c’était le coup de foudre. Il n’y en avait plus que pour ce bon vieux Moog. En contrepartie, je demandai à ce que l’on s’essaie à des chansons dans notre bonne vieille langue de Molière. L’anglais, c’est bien beau. C’est une langue mondiale. Mais, tout le monde ne le comprend et ne le parle pas forcément. Et puis… Le français est une belle langue quand même, non? C’est justement pour l’écriture d'un morceau que les gars ont accepté mon idée.
Aujourd’hui encore, nous composons une partie de nos titres en anglais, mais nous tenons aussi à rendre hommage le plus possible à notre chère langue française. Pour les trois autres gars, chanter des chansons en français qui parlent d'amour, ça fait chavirer le cœur des filles. Ces chansons sont écrites pour frimer, draguer, flirter ou bien parfois pour faire danser. Et ce sont mes collègues de scène qui récoltent les lauriers, les suffrages, les faveurs d’une partie bien ciblée de notre public. Presque caché derrière mon clavier, et presque gêné par ces longues minutes de confession, je suis loin de provoquer les émois de nos admiratrices. Et pourtant… J’étais bien loin de me douter qu’il pouvait en être autrement…

Montpellier, Café des Amours, 23 heures. Nous quittons tout doucement la scène. Nous venons de jouer une heure notre "set", et, sans me vanter, le concert s'est bien passé. Pour nous, les "Princes of the Universe" (du nom d'une chanson de Queen), jouer en province, c'est toujours excitant. À Paris, nous sommes vus et considérés comme une valeur discrète mais montante de la nouvelle scène rock locale. Il faut dire qu'avec trois "allumés" sur scène, nos "gigs" commencent petit à petit à attirer du monde, à nous établir une relative réputation et à faire parler de nous. Presque caché derrière mon clavier, on pourrait croire que je suis une erreur de casting, une anomalie dans l'ADN du groupe.
Et pourtant… J'écris toutes les paroles de notre répertoire, et je suis préposé aux chœurs. Il faut dire qu'avec mon timbre de voix atypique… Je suis un homme, et pourtant, ma voix est quasi féminin. Ça a bien surpris les gars au tout début, quand j'avais chantonné, en répet', les paroles d'une des premières chansons que nous composions. Et pourtant… Nous avons décidé, au final, d'allier la voix puissante et suave d'Anthony (qui, avec sa six-cordes Fender Telecaster, se voyait bien être un énième The Edge et autre Noel Gallagher) avec ma voix somme toute androgyne. Les premiers papiers que les fanzines et autres magazines rock ont écrits sur nous pensaient que "le claviériste du groupe était en fait une femme." Faux! Depuis, ils s'en sont faits une raison et s'y sont habitués. Ils soulignaient même progressivement "la dualité de nos deux voix". Pourtant, ce n'est pas un duel vocal à nos yeux à nous. J'appuie et accompagne le chant d'Anthony.
Notre but n'est pas de se voler la vedette. Nous sommes quatre "vedettes" sur scène. Thomas, derrière son kit de batterie, est un bon musicien. Il est capable de tenir à la fois un jeu puissant et rythmé, et parfois un tempo plus lent quand il s'agit d'une ballade langoureuse et lancinante. Backstage, il ne se prend jamais au sérieux, chambre toujours gentiment mais sans aucune méchanceté. Alex, lui, est le pendant idéal de Thomas à la section rythmique. On ne l'entend jamais vocalement parlant sur scène, mais quand il a sa quatre-cordes Fender Precision Bass dans les mains, ses lignes de basse sont très agréables à entendre. J'aime tout particulièrement quand il se met à jouer une mélodie, une "vibe" plus funky que d'habitude.
Je le vois comme notre Adam Clayton à nous. Sur scène, il tente d'être aussi charismatique que Simon Gallup ou bien Paul Simonon. Mais, c'est un bon musicien. Et, j'ai envie de dire: un bon ami. Au sein du groupe, il n'est pas seulement un collègue de répet' et de scène. Il est celui dont je suis le plus proche hors des feux de la scène, même si je constitue un binôme fort avec Anthony pour les mélodies et les vocaux.

Montpellier, 23 heures, retour à la réalité. Ce fut une fois de plus un bon concert. Nous avons eu plutôt un bel accueil de la part de la centaine de Montpelliérains présent dans le modeste café. Nous étions le troisième des quatre groupes à nous produire sur scène ce soir. J'aime ces concerts en province au sens où, déjà, ça me/nous change de Paname. Les Héraultais ont un peu donné de la voix, et, c'est toujours exhalant quand il y a alchimie et interaction avec un/votre public. De l'intro de The Little Bitch jusqu'aux dernières notes de En première ligne en passant par mon éternel passage solo rituel (ce soir sur 'It's No Good', de Depeche Mode), nous n'avons pas chômé.

Retour backstage, nous reprenons pas à pas nos esprits. Nous nous détendons. Baptiste, le cinquième membre (officieux) de la bande, notre "roadie" et sporadiquement guitariste rythmique/clavier, est à nos petits soins: "De quoi as-tu envie?" "Une bière?" "Un Coca?" "Comment tu te sens?" "Les gars, c'était dément ce soir!" etc. Je reprenais mes esprits. J'appliquais quelques exercices de sophrologie afin de redonner de l'énergie et de la vitalité à chacun des "systèmes" de mon organisme. Baptiste et les autres savaient que c'étaient mes "minutes de pure douceur", mes minutes à moi ; et que je ne voulais pas en être déconnecté. Je ne suis pas une putain de pop star, de rock star ou de diva. Je ne veux pas tel cocktail ultra compliqué à réaliser, telle marque de vodka ou de champagne. Je veux juste jouir de cinq minutes pour reprendre mes esprits. Pourtant, à 23 heures 04, Baptiste pénétra dans la loge, une jeune femme rousse suivant ses pas.


– Benoit, excuse-moi, je sais que tu es en pleine sophro, mais je ne peux pas faire autrement... Heu… Le mieux… C'est que je m'éclipse et que… Que je vous laisse tous les deux…

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