Histoire d'Elisabeth. Chapitre IV.1 L'entrevue: entretien

Elisabeth doit passer un entretien avant de pouvoir participer à l'assemblée de la société libertine dont fait partie son amie d'enfance Maryse. Pour Anna, qui se retrouve dans Elisabeth

Proposée le 2/08/2016 par Pierre Degand

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Thème: Femme soumise
Personnages: Groupes
Lieu: Inclassable
Type: Roman

A treize heures, une Renault Clito rose aux vitres arrière teintées s’arrêta sur le parking de l’immeuble. Je vis Maryse en sortir, verrouiller les portes et s’approcher du bâtiment. Elle sonna et dit dans le parlophone « je viens te chercher, comme convenu ». Je ne répondis pas et la laissai entrer. Quelques secondes plus tard, elle ouvrait sans frapper la porte de l’appartement. Maryse portait un jean délavé sur une saharienne beige et avec ses lunettes de soleil repoussées sur ses cheveux et un grand sac en cuir sur l’épaule, elle avait l’allure de celle qui fait ses emplettes. Sans me saluer, debout dans le salon comme si elle ne voulait pas s’attarder, elle me demanda une dernière fois si j’étais toujours d’accord. Je lui répondis par l’affirmative, elle perçut le léger tremblement dans ma voix.
? Je vois… Tu hésites encore un peu ou c’est le trac avant l’examen ?
? Les deux, je crois…
? Pour ce qui est du trac, je ne peux pas faire grand-chose pour toi, et je pense que c’est normal d’avoir une certaine appréhension devant ce type d’entrevue. Je ne peux rien t’en dire ; je ne sais pas com-ment ça se passe, je n’ai jamais été ni présidente ni assesseur. Et même si je l’avais été, je serais tenue au secret et je ne pourrais rien divulguer.
? Je sais bien...
? Maintenant, si tu as encore des doutes sur la suite à donner… je le comprends... Ce n'est pas facile sans doute de se lancer dans une telle expérience, même quand, comme toi, on sent tout au fond de soi-même que c'est ce dont on a envie... besoin... On passe par des phases d'attraction et de répulsion, hein ?
? Que oui !
? C'est normal... C'est le rejet de quelque chose qui en arrive à susciter un trouble qui évolue vers l'attente ou la demande du quelque chose. C'est même une des bases du masochisme sexuel, avoir l'envie de ce qui rebute a priori.
? Tu veux dire que je suis maso ?
? Oui, reconnais-le ! Tu m'as dit toi-même que tu jouissais de la contrainte qui te fait réaliser ce dont tu as envie...
? …
? Enfin ! tu peux toujours attendre le résultat de l’entrevue. Rien ne dit que tu seras acceptée, et si tu l’es, tu pourras toujours refuser et revenir en arrière. Ce serait dommage, pour nous comme pour toi...
? Allez ! On y va ! Et tu es très bien dans cette tenue… Un peu bcbg, mais ça te va bien !
? Merci !
? N'oublie pas les certificats !
Je voulus prendre le siège passager mais Maryse me fit monter à l'arrière et dit qu'elle allait me conduire à une certaine adresse que je ne devais pas connaitre et que donc elle devait me bander les yeux. Les vitres étaient teintées, personne ne verrait rien, mais si je préférais, je pouvais m'allonger sur la banquette. Ce que je fis. Brusquement, je pris conscience de l’incongru de ma situation, de son absurdité. Une vague de dégoût de moi-même et de mes fantasmes me submergea. Je ne pouvais plus fuir. Je me sentais prise dans un piège, dans mon propre piège. Je voulais renoncer, partir… mais il était trop tard. Le trajet durait... j'avais chaud...
? Assieds-toi donc, tu vas être malade sinon... Et détends-toi ! Il ne va rien t'arriver... La Société n'est pas une meute d'anthropophages !
? Je sais bien ! Mais mets-toi à ma place...
? Je crois que j'aimerais y être... C'est excitant, non ?
? Oui
Je me demandais comment allait se dérouler cette entrevue avec le président et ses deux assesseurs... Maryse ne m'en dirait rien, inutile de la questionner... Alors j’essayai une nouvelle fois de me raisonner, de porter sur la situation un regard extérieur. Ils avaient demandé des analyses, donc il y aura rapport sexuel, avec ou sans protection, c’est la seule question. Et puis quand on cherche une « esclave » pour une pareille assemblée, c’est normal qu’on veuille savoir à quoi ressemble la candidate et si elle apte. Donc pas de doute possible : ils n’allaient pas se contenter de me regarder, sans doute nue, et de me poser des questions… ou de me demander de rédiger un article sur la sexualité de groupe. Je souris à cette évocation. J’allais à une « entrevue » et dans ce contexte, une entrevue, c’est bel et bien une partie de sexe avec trois autres per-sonnes. Trois hommes ? Et s'il y avait une femme ? Oh ! Et puis zut ! Trop tard pour reculer maintenant… Oui, mais… Quelles questions allaient-ils me poser ?
? Ce n'est plus très loin...Voilà... on arrive
La voiture tourna brusquement sur la droite ; j'entendis du gravier crisser sous les pneus. Maryse m'aida à descendre. Je montai trois marches en me tenant à la rampe. Sans sonner ni frapper, elle ouvrit une porte ; je sentis du carrelage sous mes pieds et la présence d'une personne.
? Bonjour Maryse
? Bonjour Eulalie... Voici Élisabeth... La candidate. La voix de Maryse était beaucoup moins assurée maintenant, comme si elle craignait de déplaire.
? Nous l'attendons avec beaucoup d'impatience. Tu peux nous laisser, Maryse. Tu ne peux pas at-tendre ici, je ne sais pas te dire combien de temps ça va prendre. Ne t’inquiète pas pour Élisabeth, nous prendrons soin d’elle et l’un de nous la ramènera chez elle…
? Bon…Alors au revoir ! Je croise les doigts, Élisabeth
? Au revoir Maryse, à bientôt !
La porte se referma et Eulalie, donc, prit ma main pour me guider
? Entre dans le salon. Tiens... assieds-toi. Tu veux boire quelque chose ?
? Juste un verre d’eau… j’ai si chaud…
? Tiens… je le mets dans ta main… Je te sens nerveuse... C’est normal ; je vais tout faire pour te mettre à l’aise. Tu ne sais pas ce qui t'attend et tu as sans doute un peu d’appréhension et beaucoup de questions dans ta tête....
? Oh oui ! Maryse ne m'a pas expliqué en quoi consiste cette entrevue
? Bien sûr ! Elle n'a jamais été candidate ni fait partie du comité. Elle ne sait pas comment ça se passe. Mais ne crains rien, tout va bien se passer, j'en suis sûre. Je suis là pour te chaperonner et te soutenir pendant toute la durée de l’entrevue qui va durer une bonne partie de l’après-midi. Tu n’en as pas été pré-venue pour ne pas ajouter à ton anxiété…. Alors si tu avais prévu quelque chose et que tu doives décommander, fais-le maintenant.
? Non, je suis libre… Rien de prévu
? Bien. Tout d’abord ta venue ici. Tu sais maintenant que notre Société est un monde à part et qu’il s’y passe des choses que la majorité des gens réprouve. Nous devons préserver et protéger la Société et ses membres. D’où la nécessité de toutes ces précautions et de cette mise en scène un peu mystérieuse mais qui a l’avantage de fonctionner comme un sas entre ton monde et le nôtre. Tu n’es pas venue ici comme à un quelconque rendez-vous.
? C’est le moins qu’on puisse dire…
? Pas d’ironie s’il te plait. Maintenant notre entrevue. Voici comment ça va se passer. Nous te tutoyons mais pour toi le vouvoiement est de rigueur. Nous allons avoir toutes les deux un premier entretien et un premier examen dans ce salon. Ensuite, nous irons dans la salle où nous attendent le président et le deuxième assesseur. Nous te poserons des questions. Tu devras répondre à toutes les questions sans hésitation et donner la première réponse qui te vient à l'esprit. Tu n'as pas droit à la réflexion. Tu ne pourras poser de questions que si le président t'y autorise. Puis tu seras conduite dans un cabinet. Tu as entendu parler de nos cabinets ?
? Oui
? Tu y resteras enfermée pendant que nous discuterons sur la partie orale de l’entrevue. Ça ne prendra pas plus d’une demi-heure je pense. Après la délibération, tu recevras la visite de chacun de nous dans le cabinet. Nous pouvons rester avec toi et faire avec toi autant que nous le voulons. Nous attendons de toi que tu sois docile, que tu obéisses promptement aux ordres qui te seront donnés, que tu nous donnes le maximum de plaisir mais nous voulons aussi que tu prennes le plus de plaisir. Tu es esclave en ce sens que tu n’as pas droit à l’initiative, ni à nous dire tes désirs et envies. Mais cela ne veut pas dire que tu doives subir passivement. Tu dois te donner et prendre plaisir à ce nous te ferons, et tu dois montrer que tu y prends plaisir. C’est bien compris ?
? Oui… Je pense… mais les visites…
? Il faut que je sois plus claire encore ? … Chacun de nous aura avec toi les rapports sexuels qu’il souhaite. Tu dois t’attendre à jouir et faire jouir de multiples façons… Tu n’as pas besoin d’un dessin ?
? Non
? Encore quelques petites choses. Tu seras nue tout le temps ; tu ne dois pas croiser les jambes ni ca-cher ton sexe ou tes seins d’aucune manière. Tu seras tenue en laisse pour tous tes déplacements, même courts, dans cette maison. Je te mettrai un collier auquel s’attachera la laisse. À la fin de chacune des vi-sites, tu feras ta toilette et bien sûr celle des orifices utilisés, et si tu en as envie, tu pourras te restaurer. Tu prendras le temps qu’il te faudra, rien n’est minuté ! Saches enfin que le cabinet est muni de trous d’observation et de glaces sans tain, mais sois rassurée : nous n’avons pas de caméra vidéo et ne filmons rien. Des questions ?
? Euh… non… si ! Est-ce que vous prendrez des photos ?
? Non. Autre chose ?
? Non
? Pour finir, après les visites individuelles, tu seras conduite dans la grande salle où nous jouirons tous ensemble de toi. Le Président décidera de la figure ou des figures, selon l’humeur du moment et le déroulement des visites particulières. Le terme figure ou tableau ne t’est pas inconnu ?
? Non… Maryse me l’a expliqué
? Inutile de préciser que tout ce qui va se passer ici cette après-midi restera strictement entre nous et que rien ne devra filtrer au dehors, même à Maryse. De notre côté, nous n’informons pas les Membres des résultats de l’entrevue ni des aptitudes de la personne choisie.
? Je ne lui dirai rien
? Voilà. Tu sais maintenant ce qui t’attend. Je ne vois pas quoi te dire de plus. Comment te sens-tu ?
? Nerveuse… tendue
? Mais encore ? As-tu peur ?
? Non… pas vraiment de la peur… de l’appréhension… non… du trac
? Ce n’est pas ta première expérience de rapports sexuels multiples et successifs, si ?
? Non…
? Te sens-tu prête ?
? Je pense, oui
? Tu es sûre que tu ne préfères pas tout laisser tomber et renoncer ? Il est encore temps !
? Non, je ne renonce pas
? C’est sûr ?
? Oui, je reste et veux passer cette entrevue.
? Bien ! Voilà ce que j’attendais. Donne-moi tes certificats !
? Je tâtonnai dans mon sac et lui tendit l’enveloppe du labo.
? C’est parfait ! Tu as éteint ton portable ?
? Oui... dans la voiture...
? Maintenant, tu te calmes, tu enlèves tes chaussures… tu te lèves et tu te mets là… au milieu, entre les fauteuils…
Elle me donna la main et me guida à la place qu’elle voulait que je prenne. Je fis de mon mieux pour dominer mes tremblements.
? Allez ! N’aies pas peur… Ce n’est que le début…
Elle resta un long moment sans rien dire ni bouger. Je sentais son souffle sur mon visage ; elle était toute proche.
? J’aime beaucoup déballer les cadeaux…
Ses mains me parcoururent longuement, devinant mes formes au travers des vêtements. Elle défit ma ceinture qu’elle lança dans un fauteuil. Puis elle défit un à un les boutons de mon chemisier en commençant par le bas et le repoussa sur les épaules. Je tressaillis quand ses mains effleurèrent ma peau.
? Pas de soutien…. C’est exprès ?
? Non… je n’en mets pas souvent
Elle descendit la fermeture éclair de ma jupe qui tomba à mes pieds.
? Pas de slip non plus…
? Oui… J’ai pensé que…
? Tu as bien pensé ! et je ne suis pas déçue !
Elle me débarrassa de mon chemisier, et m’ordonna sèchement d’ôter le bandeau.
Cet ordre me sortit de la sorte d’autisme dans lequel j’étais plongée depuis que j’avais les yeux bandés. Cet état second avait facilité la transition entre le monde normal et celui de la Société. Eulalie m’avait présenté l’entrevue comme un procédé banal en quatre étapes : une phase de préparation, une épreuve orale, trois rendez-vous individuels et enfin une rencontre en groupe, et ne mentionnant qu’à la fin qu’il s’agissait de sexe et de rapports sexuels multiples et successifs... J’étais maintenant nue devant elle, mal à l’aise. Et j’aimais ça. Recouvrant peu à peu la vue, je vis que nous étions dans un salon très cossu meublé de nombreux fauteuils crapaud, d’une table basse avec un dessus en marbre sur lequel étaient posés une carafe d’eau et des verres en cristal. Les volets étaient fermés ; trois lampes aux abats jour bordeaux diffusaient une lumière douce. Puis je vis Eulalie. Une femme de type asiatique aux longs cheveux noirs, grande, élancée, aux traits très fins, extrêmement attirante à laquelle j’étais incapable de donner un âge précis. Elle portait un élégant tailleur pantalon noir. Il émanait de toute sa personne, mais surtout de sa voix et de son regard, une volonté énergique sans être autoritaire.
? Ne sois pas si nerveuse, Élisabeth. Tu es maintenant vraiment dans la Société… Calme-toi. Approche-toi …
Commençant par les jambes, elle entama alors un minutieux examen de mon corps, assorti de commentaires, palpant longuement les mollets, les jambes, les cuisses comme pour éprouver la fermeté de mes muscles, l’élasticité de la chair, la douceur de ma peau.
? Tu ne devras pas mettre de vernis à ongle pour l’Assemblée… Tu t’es épilée ce matin… C’est bien… tu fais du sport ? » «
? oui, du jogging
? Tu as de belles jambes, les genoux sont un peu gros, mais ça va…. les cuisses fermes, un peu fortes… très douces à l’intérieur… Ton entrejambe n’est pas étroit… J’aime ça… cet espace libre au sommet des cuisses. Pas de trace de cellulite… Parfait… Écarte les jambes. Tu as préféré ne pas t’épiler le sexe… C’est dommage, je crois que ton pubis un peu bombé serait mieux sans poils… Si tu es retenue, tu devras t’épiler entièrement juste avant l’assemblée. Écarte encore un peu les jambes… Tes grandes lèvres ne sont pas très développées… Fais sortir ton clito… Allez ! N’aies pas peur ! Oh ! Mignon tout plein ! Et d’une belle taille ! Mais tu mouilles ! Tu t’es masturbée ce matin ?
? Non
? Tu t’es souvent caressée ces derniers temps ?
? Oui
? Plusieurs fois par jour ?
? Ça m’est arrivé
? Tu as un godemichet chez toi ?
? Oui
? Tu t’en sers souvent ?
? Non, une ou deux fois par mois peut-être
? Penche-toi en avant… Beau derrière… Fesses bien fermes… Ouvre-les... Montre-moi ton œillet… Hum… Très resserré… Ça fait longtemps qu’il n’a pas servi ?
? Quatre semaines…
? Un homme ? Un godemichet ?
? Un homme
? Bien membré ?
? Assez
? Tu as aimé ?
? … oui
? Bon… Lève les bras… Tes aisselles sont nettes, c’est bien. Mais un des membres aime se masturber dans une aisselle bien poilue… Il va être déçu… Tiens-toi bien droite… Bombe le torse… Fais ressortir ta poitrine… Petits seins en poire… Ils tiennent bien dans ma main… comme les miens… Larges aréoles… foncées… Tétons bien durs… Pas tout à fait mon goût, mais bon… Relève tes cheveux… J’aime ton cou… il at-tend le collier!
Même si le ton était devenu plus sec, Eulalie commentait sans juger, appréciait en connaisseur et ses questions sur mes pratiques sexuelles, factuelles, précises, ne relevaient pas d’un voyeurisme inquisiteur mais cherchaient à recueillir toutes les informations nécessaires à un diagnostic.
? Tu t’es fait un lavement avant de venir ?
? Non… on ne m’avait pas dit…
Elle poussa une porte et me fit entrer dans une salle de bain. Je dus faire disparaître au lavabo toute trace de maquillage, y compris de rouge à lèvres. Quand cela fut fait et vérifié, elle me demanda de m’appuyer sur le bord de la baignoire, jambes écartées. D’une main, elle écarta mes fesses, introduisit une canule dans mon anus et m’administra un lavement. À trois reprises, je dus évacuer en sa présence. La dis-tance presque médicale qu’elle gardait n’enlevait rien à l’humiliation que je ressentais, quand, pressée par le besoin, je prenais place sur les toilettes et laissait échapper le contenu de mes intestins.
Revenues dans le salon, elle me passa un collier au cou, y attacha une laisse et me mena par une suite de couloirs et d’escaliers dans une vaste bibliothèque aux murs tapissés de rayonnages surchargés de livres. De hautes baies vitrées donnaient sur une terrasse prolongée par une pelouse. Au centre de la pièce trois fauteuils faisaient face en arc de cercle à une table basse sur laquelle trônait le carcan que j’avais vu sur la photo de Maryse et qui m’avait tant excitée. Je tremblotai ; j’allais prendre place dans cette boite ouverte sur les quatre côtés, être exposée entravée et ouverte. Je voulais prendre la place de la femme de la photo : c’était mon tour, et je l’attendais depuis que j’avais vu la photo. Eulalie détacha la laisse ; je montai sur la table, m’assis de moi-même dans le carcan, bras et jambes à l’extérieur. Elle lia sans serrer chacun de mes bras à un montant, au poignet et au-dessus du coude, puis mes chevilles croisées et ajusta les plaques autour de mon cou avant de les verrouiller.
Elle alla frapper à une porte. Deux hommes entrèrent. Le premier, dans la cinquantaine, aux cheveux mi- longs poivre et sel, portait une ample chemise blanche sur un pantalon de laine grise, le deuxième, plus jeune d’une dizaine d’années, un polo bleu marine en coton piqué sur un pantalon de toile écrue.
? Bonjour Élisabeth. Je suis Camille, le président en exercice de la Société. Voici les deux assesseurs, Jean et Eulalie, que tu connais déjà. Eulalie, tu nous présente Élisabeth ?
? Élisabeth est assez bien faite. Regardez ! Pour moi qui suis assez grande, je la trouve d’une bonne taille. Elle a un regard droit ; elle n’est pas fausse et pas farouche… et elle a une belle bouche, un peu large certes, mais des lèvres bien dessinées et gourmandes. À mon avis, elle doit être une bonne fellatrice… Les seins ont une belle forme et ils remplissent bien la main. Ses tétons qui pointent vers le haut au milieu d’aréoles un peu prononcées leur donnent un petit air narquois qui n’est pas pour me déplaire. Les hanches sont un peu larges, c’est vrai, mais accueillantes… Les cuisses sont fortes, assez musclées, sans excès, les mollets sont bien fuselés. Mais ce j’aime surtout, c’est qu’elle est large au niveau du sexe. Ses cuisses ne se touchent pas et la main n’a pas à repousser des chairs pour atteindre le sexe... Regardez comme son sexe s’entrebâille… Mais le mieux, je crois que c’est son cul que vous ne pouvez pas voir... Elle a une croupe vraiment bien modelée, ferme et d’une forme presque parfaite. Les deux globes sont bien serrés sur sa raie mais ils se laissent facilement séparer. Voilà qui promet bien des plaisirs, non ? Et son œillet tout rose est bien aguichant.
— Ce n'est pas un examen ni un entretien d'embauche, c'est une entrevue. C'est à dire que nous chercherons à entrevoir au cours des prochaines heures si tu es à même de tenir physiquement et psychologiquement le rôle de l'esclave sexuelle dans notre prochaine assemblée. Eulalie vient de te donner le déroulement de l’entrevue. Ta présence dans cette salle signifie que tu es ici de ton plein gré et que tu acceptes de t’y soumettre.
— Oui
— Quel âge as-tu ?
— 37 ans
— Mariée ?
— Non, divorcée depuis 1 an
— Tu as été mariée longtemps ?
— 15 ans … 3 ans en couple puis 12 ans mariés
— Des enfants ?
— Non
— Tu as trompé ton mari ?
— Oui, deux fois
— Ton mari l’a su ?
— Non. J’ai fini par lui dire
— Ton mari était dominant ?
— Oui... enfin… pas toujours
— Continue !
— Il avait des périodes comme ça… Deux ou trois fois par an… Alors, il me traitait en soumise, m’attachait, me bandait les yeux… me donnait des ordres… Il me prenait où et quand il voulait. Parfois, je devais faire la cuisine ou le ménage nue… Je dormais alors dans la chambre d’ami qui devenait ma cellule et qu’il fermait à clef. Il m’attachait au montant du lit et il lui arrivait de venir me prendre au milieu de la nuit…
— Des sévices ?
— Non. Jamais de coups.
— C’est dans ces périodes-là que vous aviez vos jeux épicés entre adultes ?
— Non jamais ! Il me voulait pour lui seul.
— Tu aimais ses accès de domination ?
— Oui
— Tu les attendais quand ils tardaient à venir ?
— Oui
— Et entre ses périodes dominantes, vous aviez une vie de couple « normal» ?
— Tout à fait
— Sauf vos soirées épicées… ça n’allait pas très loin, si ?
Maryse leur avait donc tout rapporté de nos conversations, de nos échanges d’email qui avaient suivi, des photos qu’elles m’avaient envoyées et maintenant je n’échapperais pas à donner des détails sur les trois ou quatre soirées qui avaient émaillées ma vie de couple. Aucune n’avait eu lieu chez nous ; nous étions toujours invités, et à chaque fois j’avais eu l’impression que nous étions la quatrième roue du chariot… mais je crois qu’on aimait bien que j’y participe car on me savait docile et attirée par ces jeux… Elles réunissaient trois ou quatre couples et commençaient par un dîner rapide, un peu arrosé. Tout le monde savait comment la soirée allait évoluer et certains voulaient précipiter les choses, d’autres freinaient. Arrivait alors le mo-ment où un convive proposait un jeu. Un scrabble où les « droits » du joueur sur un plusieurs autres joueurs de son choix augmentaient en fonction des points marqués, des « lettre compte double » ou « mot compte triple ». Ou un jeu de dés où le plus fort tirage d’un couple (dans la vie ou de circonstance) donnait des droits sur les autres couples. Un double gagnant doublait les droits : Après s’être mis d’accord sur le nombre de vêtements, la première partie du jeu consistait bien entendu à déshabiller les autres joueurs. Quand un joueur était nu, les gages commençaient, plus ou moins corsés suivant les règles adoptées. Seules les pénétrations hors couples étaient bannies, on pouvait donc demander à un couple de copuler devant tout le monde. Ce que Luc et moi avions du faire. Tout comme un soir il avait dû lécher l’anus des trois femmes en les masturbant jusqu’à l’orgasme. Non, ça n’était pas allé « plus loin ». L’effeuillage progressif de moi-même et des autres m’excitait toujours beaucoup et c’est vrai, j’étais mouillée quand j’étais finalement nue. Les gages, surtout ceux donnés par les femmes, plus raffinés que ceux des hommes, comme je l’avais dit à Maryse, m’avaient souvent fait jouir…
? Tu aimais qu’on joue de toi, qu’on joue avec toi.
? Oui
? Qu’un autre décide de la façon dont tu allais avoir du plaisir, sans pouvoir refuser…
? C’est juste
? Tu as vu ton mari pénétrer une autre femme ?
— Oui, quand nous sommes allés dans un club échangiste et puis une fois…
— Une fois quoi ?
— Un soir d’une période dominante, il a amené une collègue à la maison… Il m’avait ordonné de mettre mon tablier de soubrette sans rien dessous mais je ne savais pas qu’elle viendrait… Je leur ai servi des boissons puis il m’a menotté les mains dans le dos et j’ai dû le sucer. Après il l’a prise devant moi…
— Et toi ? Tu as été pénétrée en sa présence dans le club?
— Oui…
— Parlons d’autre chose… À quel âge as-tu perdu ta virginité ?
— 16 ans et demi
— Un copain d’école ?
— Non, Marc… le frère de Maryse
— Maryse t'a parlé de notre Société et nous a rapporté que tu avais posé peu de questions sur ce que nous attendons d'une esclave, sur ce qu'elle pourrait être amenée à subir, sur son rôle dans nos figures et tableaux. Est-ce que tu acceptes d'emblée tout ce que nous pourrions exiger de toi ?
? Tout... Oui, sauf ce qui est scato et uro et la douleur infligée en vue de la seule souffrance.
? C'est à dire ?
? Que certains prennent leur plaisir à voir les autres souffrir, sans qu'il naisse un plaisir pour la victime. Qu'ils fessent ou flagellent pour faire mal, pas pour le plaisir que cela peut susciter chez la victime par exemple.
? Bien. Il n'y a rien de scato ou d'uro dans notre Société et Maryse a dû de parler de notre conception de la douleur infligée. Tu voulais juste une confirmation, c'est ça ?
? Oui...
? Aimes-tu la sodomie ?
? Oui
? Ou va ta préférence : être foutue en cul ou en con ?
? Comme Juliette...
? Le cul, donc. Aimes-tu être commandée?
? J'en ai besoin
? La souffrance, la douleur augmentent-elles ton plaisir ?
? Souvent, oui
? Prends-tu plaisir à percevoir que ta douleur donne du plaisir à celui ou celle qui te persécute ?
? Oui, mais seulement quand la douleur participe de mon plaisir
? Maryse nous a dit que tu avais toutes les dispositions physiques et psychologiques pour faire de toi la servante docile de nos plaisirs, l'objet sexuel dont nous pourrons nous servir à notre gré et satisfaire notre lubricité. Tu as eu des expériences, certes ludiques, d’asservissement sexuel, n’est-ce pas ?
? C’est exact.
? Mais elle nous a aussi dit que les rapports incestueux de certains de nos membres t'intriguent... te travaillent. Vous en avez longuement parlé, n'est-ce pas ?
? Oui, c'est juste
? Tu es effrayée de notre « amoralité » ?
? Non, pas effrayée… surprise pour le moins. Je l'ai dit à Maryse, cela me donne comme une sorte de vertige, comme si les fondements de ma morale, mes croyances disons, vacillaient...
? Au moins tu sais bien expliquer ce que tu ressens… Jean, tu veux dire quelque chose à ce sujet?
? Oui… Sans vouloir faire de la sociologie de Café du Commerce, je crois que notre Société est à l'avant-garde d'une évolution qui a commencé il y a bien longtemps. Depuis une cinquantaine d'années, en partie à cause de la sénescence de l'église catholique et de la décrépitude son pouvoir moral, la société est devenue très hédoniste et a découplé les rapports sexuels de leurs fins procréatrices pour affirmer « qu'il n'y a pas de mal à se faire du bien ». La masturbation, les plaisirs solitaires, sont maintenant acceptés tout comme il est maintenant, si ce n'est vraiment accepté, du moins largement toléré que la pénétration n'est qu'une petite partie du plaisir sexuel que peuvent se donner deux partenaires. Cette libération sexuelle conduira nécessairement à l'acceptation des rapports dits incestueux. Si je peux prendre du plaisir avec ma femme, et avec celle de mon voisin, et avec ma collègue de bureau, pourquoi pas avec ma nièce... ma fille... si elles le veulent aussi. D'ailleurs, il y a des signes avant-coureurs : les rapports sexuels entre frère et sœur sont encore réprouvés certes, mais provoquent un certain trouble et on ferme les yeux dessus, prélude d’une certaine tolérance... . Et on ne voit plus les rapports entre demi-frère et demi-sœur d'un œil si négatif. Depuis Zola (et avant lui Racine ! Et encore avant le mythe de Phèdre!!) on peut décrire en littérature les rapports incestueux d'une belle-mère avec son beau-fils. Les jeux de touche pipi, voire plus, entre cousins et cousines sont presque considérés comme normaux. La tantine initiatrice de son neveu ou l'oncle dépuce-leur de sa nièce sont des thèmes courants des romans érotiques, qui ne circulent plus sous le manteau de-puis bien longtemps. En fait, je crois que dans l'esprit de beaucoup, le concept de « vrai » inceste, celui soumis à l'opprobre général, se réduit de plus en plus aux rapports sexuels entre parents et enfants. Et cer-tains des membres de notre Société l'ont fait sauter là aussi... Mais cela prendra encore beaucoup de temps avant que ce « vrai » inceste reçoive la même indulgence... ou compréhension... que l'inceste au niveau du deuxième degré de parenté... Voilà notre conviction commune ; même si tous les membres, et je crois que Maryse te l'a dit, ne sont pas encore prêts à passer à l'acte, ils acceptent que certains y passent.
Eulalie reprit la parole.
? Même si tu ne connais pas les liens de parenté entre nos membres, tu ne pourras pas ne pas t'aper-cevoir que plusieurs couples seront là avec leurs enfants... Et je tiens à préciser que nous n'acceptons dans nos assemblées que les enfants majeurs. Alors nous voulons être sûrs que tu sauras faire foin de tes préju-gés et que tu sauras être assez forte dans ta tête pour ne pas hurler au scandale et refuser de participer à un tableau qui mettrait en scène deux membres d'une même famille. Tu devras être à la hauteur de nos membres... Te sens-tu prête, assez forte après ce que tu viens d’entendre ?
Ce petit discours a ravivé en moi mon malaise, mes remords... Oui... j'aurais dû ... j'aurais pu aller plus loin avec mon neveu... J'étais peu à peu convaincue que non seulement j'avais raté quelque chose, ce qu'en soit je pouvais accepter et surmonter, mais que je lui avais refusé une occasion de se construire et de con-quérir une certaine liberté de penser et d'agir qui ne reviendrait pas de sitôt.
Je répondis fermement que oui, je me sentais prête. Puis les questions fusèrent à nouveau de toutes parts.
? Revenons à toi... Es-tu bisexuelle ?
? Oui
? Occasionnelle ou par choix délibéré ?
? Délibérément.
? Qui t’a initée à Lesbos ?
? Maryse…
? Te branles-tu ?
? Souvent
? Tu vis seule ?
? Oui
? Tu as un amant ?
? Rien de régulier pour le moment
? Tu cherches ?
? Non, pas vraiment
? Ta dernière baise, c'était quand ?
? Il y a deux semaines... Juste avant que je revoie Maryse... Avec un couple
? Tu nous en dis plus ?
? Un couple rencontré pendant un cocktail chez des amis communs. On a sympathisé et ils m'ont in-vitée à finir la soirée chez eux.
? Passe nous les détails du dernier verre et des manœuvres d'approche... Droit au but !
? Euh... L'homme m'a prise devant sa femme qui regardait en se caressant. Après on l'a sucé toutes les deux jusqu'à ce qu'il soit de nouveau dur et la femme et moi nous nous sommes ... enconnées avec un godemichet double et lui nous sodomisait l'une après l'autre...
? Belle soirée... C'est toi qui as décidé des figures ?
? Non, c'est eux... enfin surtout lui... mais c'est elle qui a voulu le double gode
? C'était ton premier trio ?
? Oh non !
? Bon...
? As-tu déjà eu des rapports sexuels multiples?
? Oui, elle m’en a parlé tout à l’heure d’une façon générale… Sois plus précise maintenant
Eulalie ne m’avait pas laissé le choix, une reculade n’était plus possible mais j'hésitais à me vautrer à nouveau dans les détails de ce qui s'était passé dans le club échangiste où mon ex-mari m’avait emmenée un soir. Je savais ce qui m’y attendait, cela me rebutait et je le désirais. J'avais d'abord hésité à me mettre nue; je voulais garder au moins le mini tanga mais Luc m'avait contrainte à l'enlever sous les regards d'un autre couple qui était entré en même temps que nous. Puis nous étions allés au bar où Luc m'avait fait prendre une boisson mentholée au goût un peu âcre. " Tu verras, ça n'a pas très bon goût mais ça met en train... ça désinhibe aussi" et nous étions allés sur la piste nous mêler aux autres couples qui dansaient. Malgré le rythme très simple, je ne parvenais qu'à me trémousser comme une godiche. Le couple s'était approché et l'homme, bien bâti et admirablement membré avait immédiatement demandé à Luc si c'était ma première fois tandis que sa femme se déhanchait contre les fesses de mon ex. Luc avait acquiescé d'un hochement de tête. Alors la femme était venue se déhancher contre mes fesses en me caressant les seins, puis son homme m’avait embrassée en me serrant très fort contre lui pendant que la femme frottait ses fesses aux miennes. Après ils avaient inversé, l’homme introduisait son pénis entre mes fesses pendant que la femme m’embrassait. À la fin du morceau elle avait lancé « on y va » et ils nous avaient entraînés dans une alcôve. Sur le matelas, une femme était prise en levrette pendant qu'elle suçait un autre homme à genou devant elle. Luc et l'homme ont mis trois grands poufs carrés bout à bout, la femme m'a allongée dessus, les fesses au bord du coussin, jambes écartées en disant "c'est son baptême, on va faire ça bien" et elle a ordon-né à Luc de me tenir les mains au-dessus de la tête. Elle s'est agenouillée entre mes jambes et a commencé à me caresser le sexe tandis que son homme s'emparait de mes seins. "Oh! Mais elle est bien mouillée, cette petite" et elle s'est mise à me lécher. Comme je protestais, l'homme m'a enfoncé son sexe dans la bouche. J'avais tellement envie de le sentir en moi que j'ai libéré mes mains pour saisir ses hanches puis ses fesses. Alors sa femme s'est levée et lui a dit de me prendre. Il s'est enfoncé en moi d'un seul coup, me donnant un orgasme fulgurant. Sans me laisser le temps de reprendre mes esprits, il m'a retournée sur le ventre et m'a sodomisée tandis que sa femme s'empalait sur le sexe de Luc. Il a éjaculé au fond de mon cul et s'est retiré, me laissant pantelante après trois violents orgasmes. Puis Luc s'est dégagé de la femme et s'est adressé aux deux hommes qui en avaient fini avec l'autre femme et qui nous regardaient en leur disant « elle est à vous »… Alors, presque révoltée, écœurée qu’il me donne à des inconnus, avec cette pointe de vulgarité, en plus ! Je me suis couchée entre eux et ils m'ont prise l'un devant, l'autre derrière, me donnant des orgasmes inouïs. Plusieurs autres hommes m’ont prise au cours de la soirée… et sodomisée devant mon mari. Et deux ou trois femmes…
? Élisabeth… Tu te poses en victime subissant la volonté de ton ex-mari et les assauts sexuels des autres alors que tu es le bourreau de toi-même. Ton mari ne t’y a pas emmenée pieds et poings liés, tu y es allée avec lui, de ton plein gré, sachant très bien ce qui se passe dans ce genre de club, non ?
? Oui
? Et quelque part tu étais excitée à l’idée de ce qui allait t’arriver. Tu avais envie de t’infliger que plusieurs hommes et femmes te prennent et usent de toi. Tu as dit toi même que, bien qu'écœurée et révoltée, tu étais allée t'allonger entre les deux hommes...
? …
? Mais tu n’y serais pas allée de toi-même ; il fallait que quelqu’un t’y force
? .. oui, sans doute...
? Et tu as aimé ces orgasmes "fulgurants" ou "inouïs"... Tu savais quelque part que tu les aurais dans ce genre de situation où tu es amenée à "subir" ce dont tu as envie...
? Tu… euh vous avez raison...
? C'est bien qu’elle ne soit pas novice...
? Et qu’elle ait aussi pleinement conscience
? Eulalie... Tu peux aller voir son état d'esprit ?
Elle s’approcha de moi. Un, puis deux doigts entrèrent dans mon sexe. Depuis que j’étais exposée dans ce carcan, j’attendais ce moment…
? Ses lèvres sont ouvertes ; son con est bien mouillé
? Je m’en doutais… Pas toi ?
? Si ! Je m’y attendais…
? Je crois qu’on peut en tirer bien des plaisirs…
? Je le pense aussi…
? Ses tétons sont dressés… et attends… je regarde… son clitoris est érigé…
? Alors finissons cet entretien. Eulalie, emmène-la dans le cabinet!
Jean s’approcha de moi, me libéra du carcan et je pus descendre de la table. Il me fit signe de passer la chose qu’il tenait à la main et que je ne reconnus pas. C’était une ceinture de chasteté en cuir et métal qu’Eulalie m’aida à ajuster. Jean en ferma le cadenas et remit la clef à Camille. Eulalie revint avec la laisse, en accrocha le mousqueton au collier et d’un coup bref me signifia de la suivre. Nous montâmes sans mot dire au premier étage par un large escalier. Arrivées sur le palier, elle poussa une porte.
? Voilà … c’est le cabinet dit-elle en détachant la laisse. Je te fais visiter. Cette porte donne sur une salle de bain avec douche, bidet tout ce dont tu peux avoir besoin pour te rafraichir entre deux visites. Dans cette commode se trouvent quelques accessoires, plugs, godemichets et autres. Ici, dans cette armoire il y a un frigo avec des boissons – non-alcoolisées – quelques victuailles et des verres. Comme tu le vois, dans cette partie, juste un grand lit avec des anneaux aux quatre coins et dans cette partie-ci un coin salon avec un fauteuil Voltaire et un tabouret de piano, donc réglable en hauteur. Pas besoin de te préciser l’usage qu’on peut en faire. Un boudoir en quelque sorte, sauf ce jeu de garcettes, badines et martinet accroché au mur du coin salon… et l’anneau de fer qui pend à une chaine au-dessus du lit.
Je remarquai des cadres.
? On dirait des Dali.
? Je pense que ce sont de vrais Dali. Des esquisses, pour la plupart
? « Paul entrant dans un bordel après son naufrage à Malte» … « Jean forniquant avec Marie » … « Marie Madeleine suçant Judas après sa trahison » « Pierre et les Sodomites romains » « Marthe mas-turbe Lazare le jour de sa résurrection »
? C’est une série iconoclaste que Dali pensait réaliser pour dévoiler les relations sexuelles entre les personnages du Nouveau Testament.
? Curieux… je n’en avais jamais entendu parler… J’ai peine à croire que ce ne sont pas des faux…
? Je pense que ce sont des vrais… Tu veux boire quelque chose ? Un Coca ?
? Oui, je veux bien
? Sers-toi ! et sers-moi un Tonic
Le frigo contenait un vaste choix de boisson, dont un grand nombre de boissons énergisantes et quelques bouteilles que je ne connaissais pas, sans doute des stimulants ou des aphrodisiaques. Eulalie s’était assise dans le fauteuil, je pris place sur le tabouret. Elle avait ouvert la veste de son tailleur ; je pou-vais voir son ventre, très plat et ferme, et le galbe de ses seins.
? L’entretien s’est bien passé, je pense. Tu étais un peu nerveuse et tendue, mais tu as été franche, di-recte et tu as répondu sans ambages à toutes les questions. Aucune ne t’a véritablement déstabilisée… Et même elles ont fait monter en toi… comment dire ?... As-tu envie de jouir maintenant ?
? Oui…
? C’est normal... après tout ce que tu as été amenée à nous confesser... Mais ils m’attendent en bas et je vais devoir te laisser. Tu es nerveuse... tu as des questions?
? Non... enfin...
? Tu sais ce qui t'attend, non?
? ... pas vraiment
? Tu fais l'idiote ou quoi? C'est la partie pratique de l'entrevue... On en a parlé quand tu avais les yeux bandés, et tu as confirmé ton accord. Les visites individuelles... Oui, trois personnes vont venir successive-ment baiser avec toi comme elles le veulent; visiter individuellement chacun de tes trous! c'est ça que tu veux entendre?
J'avais provoqué l'emportement d'Eulalie par ma bêtise et mon entêtement; elle se calma après m'avoir jeté la dernière phrase au visage comme un soufflet. Elle cessa de caresser son sein, je remarquai alors qu’elle portait une double alliance, se dirigea vers la porte, hésita un instant et revint vers moi. Elle prit mes coudes et les tira par en arrière, juste assez pour faire bomber un peu ma poitrine.
? Reste comme ça ! Ils sont beaux. Pourtant il y en a un dont le téton est un peu refrogné. Comment ça se fait ?
Je ruminais une réponse mais elle ne me laissa pas le temps de la formuler. Elle s’empara des deux bouts pour les mordiller, les étirer un peu, jouant de sa langue avec eux comme si de rien n’était, comme s’ils ne faisaient plus partie de mon corps. Lentement ils durcissaient.
? Comme ça c’est beaucoup mieux. Ils sont bien vaillants tous les deux et on ne voit plus la différence. Il faudrait te les étirer un peu. La ceinture ne te gêne pas ?
? Non… je m’y habitue
? Tourne-toi… Elle est faite pour toi… La lanière de cuir entre tes fesses les met bien en valeur…
Elle caressa un instant mes fesses puis sortit et ferma la porte à clé. J’eus le sentiment qu’elle avait dû se maîtriser pour me quitter et ne pas aller plus loin. Je craignais et j’admirais Eulalie… je me détendis mais ma nervosité ne disparut pas. J’aimais être là, dans une maison inconnue, enfermée mais libre de mes mouvements, nue avec des picotements dans mon sexe que je ne pouvais satisfaire, attendant qu’ils viennent me prendre. Qui viendrait en premier ? Camille sans doute puisque Jean lui avait donné la clé du cadenas. Et qu’allaient-ils faire avec moi ? Me revenaient par bribes ce qu’elle m’avait dit des visites « Chacun de nous aura avec toi les rapports sexuels qu’il souhaite … faire avec toi autant que nous le voulons… Tu dois t’attendre à jouir et faire jouir de multiples façons… Visites individuelles de chacun de mes trous» Est-ce que l’un d’eux allait me fouetter ? Allais-je être assez docile pour ne pas refuser ? Personne ne m’a jamais fouettée…
Camille avait vu juste en parlant de victime des autres et de bourreau de soi-même. Mon verre à la main, je scrutai à la recherche des trous d’observation dont avait parlé Eulalie mais je ne pus rien découvrir. Je me rendis dans la chambre. Des photos de panneaux de chantier, simplement punaisées au mur, prenaient ici un tout autre sens. « Décharge interdite » « Trous en formation ». Je souriais. Un peu d’humour n’était pas exclu… Une reproduction du Déjeuner sur l’Herbe de Manet… Et là, le voilà… le miroir sans tain dans un joli cadre en bois. Placé comme il était, on pouvait voir ce qui se passait sur le lit et dans le salon… Je m’allongeai sur le lit. Bien sûr le petit discours sur les rapports incestueux était quelque peu pontifiant et qu’ils se considèrent comme des précurseurs était une question de point de vue. Mais dans l’ensemble sa courte analyse avait de la justesse. C’est vrai que des relations sexuelles entre une tante et son neveu ne sont plus autant abominées qu’avant mais l’oncle, dépuceleur ou pas, reste bien souvent un violeur… Oui… J’aurais dû, j’aurais pu… Vingt ans de différence entre nous… S’il m’avait sauté dessus, je n’aurais pas résisté… mais c’était à moi de prendre les devants et de lui montrer que je le voulais aussi. Comme ce matin où, juste après la séparation, il était venu me voir à l’improviste dans mon nouvel appartement, au moment où je sortais de la douche. J’étais en peignoir sans rien en dessous. Je lui avais fait une tasse de café et mes mouvements avaient bien dû lui laisser voir que je n’avais rien en dessous. Quand j’avais vu son érection, comprenant subitement le but de sa visite, je m’étais enfuie dans la chambre pour passer un jean et un tee-shirt. Pourquoi ?


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